ET SI ON PARLAIT D'IDENTITÉ CULTURELLE ? NOTRE ENTREVUE STYLÉE AVEC LA COMÉDIENNE PHARA THIBAULT
Par Yvette Cakpo
C’est le temps de la rentrée chez Portraits avec Style! Nous sommes bien heureux et reconnaissants de pouvoir mettre en oeuvre ce projet qui nous tient extrêmement à coeur et de mettre en valeur des personnalités toutes aussi talenteuses qu’extraordinaires. L’entrevue qui suit est l’une des plus originales que nous ayons réalisées à ce jour. Originale car effectuée dans un lieu que l’on se réserve habituellement pour soi-même. Une pièce de vie intime qui nous permet de nous ressourcer. Un endroit symbolique et évocateur pour celle que nous avons rencontrée. Notre personnalité de ce mois-ci est la charmante Phara Thibault, auteure, comédienne et scénariste de la relève dont les oeuvres font l’actualité ces derniers temps…et elle nous reçoit dans sa chambre. Oui, oui! Un moment privilégié au cours duquel nous avons évoqué son parcours, son histoire personnelle, ses racines et ses projets phares…avec Style, comme toujours!
Une enfance placée sous le signe de la différence
Sainte-Germaine-du-Lac-Etchemin, vous connaissez ? Et bien, c’est dans le fin fond de ce petit village de quelque 1500 habitants, situé dans les Chaudières-Appalaches, que Phara aura passé son enfance. Une enfance particulière pour celle qui, originaire d’Haïti et adoptée dès son plus jeune âge par une famille blanche québécoise, comprends rapidement qu’elle est différente. Différente par sa couleur de peau, différente par ses cheveux.
« La première fois que j’ai eu des tresses (box braids), j’ai couru dans la rue pour mettre mes cheveux dans le vent! C’était mon rêve de pouvoir les sentir bouger comme mes poupées et les filles autour de moi »
Quelques années plus tard, après un départ pour Montréal, Phara découvre le charme de la ville et sa diversité de visages et de couleurs. Une proximité évidente avec la personne qu’elle est également. Et puis, Big Chop! elle prend un jour la décision radicale de raser ses cheveux abîmés par des années de brushing et lissages permanents pour repartir de zéro et les apprécier au naturel.
« L’acceptation de soi, ça passe par les cheveux également »
Une décision importante à ses yeux et des coiffures qu’elle porte fièrement depuis, comme celle que l’on peut voir sur les photos de notre séance.
Chokola : Un Monologue révélateur
Un monologue autobiographique également, évoquant son histoire personnelle à travers ses mots : de son enfance déracinée d’Haïti à son arrivée au Québec à l’âge de deux ans et demi; de cette différence avec les gens du village à des épisodes de racisme ordinaire vécus au quotidien. Écrit en seulement deux jours dans la foulée de Black Lives Matters, mais pensé dans sa tête depuis toute petite, Chokola est un monologue puissant qui éclaire sur les maux qu’elle a vécus et cette quête identitaire qu’elle s’est cherchée pendant de nombreuses années à travers sa volonté de vouloir retrouver sa famille biologique. Une destinée également, car cette pièce lui aura permis de remporter en 2020 le premier prix de l’Égrégore, un concours intercollégial d’écriture dramatique, alors que son dossier de candidature avait été déposé In Extremis! Une réussite finalement car cette pièce a été adaptée et jouée devant public le printemps dernier au Théâtre La Licorne, avec franc succès. Un spectacle mis en scène par la comédienne et autrice Marie-Ève Milot et Phara jouant son propre rôle, évidemment.
Un modèle pour la relève
Faire entendre sa voix et s’impliquer dans des causes significatives, ce n’est pas juste réservé aux aînés! Pour Phara, l’occasion se sera présentée l’été dernier avec un rôle important et pas des moindres : celui de porte-parole de la 15e édition de la Journée du Livre Haïtien qui s’est tenue le 19 août au Centre N A Rive, rue Saint-Denis.
Une première pour elle et une nouveauté également pour cet événement phare qui célèbre chaque année la littérature et la culture haïtienne à travers ses auteur(ice)s et éditeurs locaux.
Une invitation qui représente beaucoup aux yeux de Phara, compte tenu de son histoire personnelle :
« Le fait que ce festival m’invite comme porte-parole, je le prends comme une validation de moi en tant qu’haïtienne »
Des projets à venir ?
Travaux d’écriture dans le cadre d’une résidence à la Licorne, développement de la pièce Chokola chez KO films et projet confidentiel : le moins que l’on puisse dire c’est que Phara est bien occupée et que de belles choses s’en viennent pour les prochains mois.
Et le style dans tout ça ?
C’est peu dire si on adooooore l’atmosphère qui règne chez Phara Thibault : Esthétique imprégnée de romantisme, motifs floraux et palettes de couleurs éclatantes. Et son style vestimentaire ?
« J’aime beaucoup le chic avec un punch de couleurs ou de texture. Mon Black Superwoman syndrome fait en sorte que j’ai longtemps ressentie la pression de devoir être mieux habillée que tout le monde pour essayer d’être égales à eux. J’ai développé mon chic très tôt disons, à cause de cela »
Pour suivre les actualités de Phara :
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